Les mariés de l’Empereur

Le 29 avril 1810, le maire et officier d’état civil de la commune de Ducey, François Antoine DELAROCHE, enregistre un mariage peu ordinaire :

« Sont comparus Pierre Marie JAMES, militaire retraité, natif et domicilié de cette commune, né le 27 mai  1784 ; choisi et élu par Messieurs les membres composant la commission du canton de Ducé, pour faire partie des 6 000 militaires qui doivent être mariés en conformité du décret impérial du 25 mars dernier, par leur délibération du 7 du mois, approuvé par Monsieur le sous-préfet d’Avranches, le 10…. (…) et Marie Jeanne BLIER native et domiciliée en cette commune, née le 29 septembre  1784 (…)».

Divorce-de-Napoleon-et-Josephine
Le divorce de Napoléon et de Josephine de Beauharnais.

Le décret impérial du 25 mars 1810

L’Impératrice Joséphine de Beauharnais n’ayant pu donner d’héritier à Napoléon, celui-ci décide de divorcer de son épouse. Le divorce est prononcé le 16 décembre 1809 et l’Empereur contracte mariage avec la nièce de la défunte reine de France Marie-Antoinette : l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche  le 2 avril suivant.

Mariage Napoléon et Marie Louise
Mariage de Napoléon et de Marie-Louise d’Autriche.

 Afin d’associer le peuple français à cet évènement important, Napoléon  décrète ce que l’on va appeler « le mariage de l’Empereur » :

DÉCRET IMPÉRIAL contenant les Actes de bienfaisance et d’indulgence à l’occasion du Mariage de Sa Majesté Empereur et Roi, au palais de Compiègne, le 25 mars 1810

    NAPOLÉON, Empereur des Français, Roi d’Italie, protecteur de la Confédération du Rhin, médiateur de la Confédération Suisse,

Voulant marquer l’époque de notre mariage par des actes d’indulgence et de bienfaisance ;

Notre Conseil d’État entendu ;

NOUS AVONS DÉCRÉTÉ ET DÉCRÉTONS ce qui suit :

(…)

TITRE IV

Du mariage de six mille Militaires

5. Six mille militaires en retraite, ayant fait au moins une campagne, seront mariés le 22 avril prochain, avec des filles de leurs communes, auxquelles il sera accordé une dote de douze cent francs pour Paris, de six cents francs dans le reste de l’Empire, à savoir :

Soixante dans la ville de Paris ;

Dix dans chacune des villes dont l’état est annexé au présent décret (A) ;

Cinq dans chacune des villes dont l’état est annexé au présent décret (tableau B) ;

Deux dans chacune des villes dont l’état est annexé au présent décret (tableau C) ;

Un dans chacune des justices de paix de l’Empire.

6. Les militaires et les filles à marier seront choisis de la manière suivante, à savoir :

Pour la ville de Paris, par délibération du conseil  général faisant fonction de conseil municipal, approuvée par le préfet ;

Pour les villes chefs-lieux de département, par délibération du conseil municipal, approuvée par le préfet ;

Pour les villes qui ne sont pas chefs-lieux de département, par délibération du conseil municipal, approuvée par le sous-préfet ;

Pour les justices de paix, par une commission composée de deux maires et de deux curés désignés par le sous-préfet, et du juge de paix, qui présidera la commission et la réunira dans son domicile.

7. Les communes qui ne seraient pas comprises dans les articles précédents, pourront sur la délibération du conseil municipal, approuvée par le sous-préfet, marier un militaire et une fille de la commune, en se conformant, pour le choix et pour la quotité de la dot, aux dispositions ci-dessus.

(…)

                                                                 Signé NAPOLÉON.

Le choix du canton de Ducey

Le  samedi 7 avril 1810, la commission du canton de Ducey est réunie pour choisir le militaire et la jeune fille qui seront proposés à M. le sous-préfet d’Avranches.

Le choix se porte sur Pierre Marie JAMES. Il est le 9ème enfant de Gilles JAMES, né à Chèvreville et de Jacqueline LEMETAYER  de Ducey. Il est né le 27 mai 1784  dans le haut du bourg de Ducey. Nous ignorons tout sur sa carrière militaire.

La jeune fille choisie est orpheline. Son père se nommait Nicolas BLIER et sa mère Marie CHATELAIN. Elle a le même âge que Pierre JAMES et elle est « reconnue par la susdite commission de contracter mariage avec ledit JAMES ».

Les bans sont publiés dès le lendemain et le dimanche suivant, les 8 et 15 avril. Le mariage est fixé le 29 avril. Il est probable que l’accord des jeunes gens avait été demandé avant la réunion de la commission au regard de la rapidité de la publication des bans.

L’union se déroule à la date prévue. Les futurs époux acceptent de s’unir et, une fois le mariage proclamé, les mariés, les témoins et la famille signent l’acte.

signature

Les suites du mariage

Marie Jeanne BLIER donne naissance à deux enfants : Marie Angélique Marguerite JAMES née le 17 février 1811 et Pierre François JAMES le 16 avril 1812. Le couple habite le village de la Hardelière à Ducey. Mais Marie Jeanne s’éteint rapidement le 14 septembre 1812. Son fils est alors âgé à peine de 5 mois.

Deux ans plus tard, Pierre Marie JAMES alors laboureur, épouse en seconde noce Marie Jeanne Barnabé LOUAIL, une femme originaire de Saint-Quentin-sur-le-Homme. Elle va lui donner quatre filles et un fils (Anne Marie le 11 janvier 1815, Modeste Jeanne le 22 décembre 1816, Julie Renée le 22 décembre 1818 mais qui ne vivra que 7 mois, François Pierre le 12 juin 1820 et Marie Paule le 25 avril 1822). Entre temps, Pierre Marie JAMES perd les enfants de son premier mariage : Marie Angélique Marguerite s’éteint le 1er février 1820, et Pierre François le 25 février 1828. Ils avaient respectivement 8 et 15 ans.

Il ne lui reste rien de ce mariage si ce n’est, peut être , les 600 francs qu’il avait perçu de l’Etat. Les mariés de l’Empereur ont été nombreux dans le département de la Manche. Pour ce qui concerne les communes les plus proches du canton de Ducey, Les Biards, le Mesnillard, le Mont-Saint-Michel et Avranches ont eu également leurs mariages.

 Pour en savoir plus sur les mariés de l’Empereur dans le département de la Manche :

1815

2 commentaires sur “Les mariés de l’Empereur

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