Poilley : Une misérable vie, fin

Le criminel jugé

L’Avranchin du 6 juin 1908 relate le jugement de Jean-Baptiste Yger 

A L’AUDIENCE  

A onze heures 1/2, les portes de la salle sont ouvertes, on vient de procéder au tirage au sort des jurés, puis à l’appel des témoins ; trois sont absents : M. le Dr Sévin, M. Pierre Dumont et Mme Primaux. 

M. Le Scornet, président, commence son interrogatoire et essaye de préciser les charges de l’accusation, mais peine perdue, l’accusé Yger se contente de répondre par oui ou non, ou « je ne sais pas, je ne me souviens pas » ; même il se contente parfois de faire un mouvement de tête. 

M. le Président lui rappelle tous les détails du crime encore présents à la mémoire de nos lecteurs, son passé et sa jeunesse, jusqu’ à ce jour, irréprochables. 

Yger avait 6 mois lorsque son père est mort ; dès son jeune âge il fut abandonné par sa mère, végéta jusqu’à l’âge de cinq ans ; à cette époque, il ne parlait pas et marchait à peine ; à sa sortie de l’école de Ducey, il se plaça comme domestique dans plusieurs fermes. 

Et c’est ainsi que n’ayant jamais fait parler de lui pour un motif quelconque, il fit un séjour de quelques semaines chez M. Rivière, de Launay, avant d’aller au régiment ; pendant son service militaire, Yger ne donna lieu à aucune punition. 

DÉCISION DU NSF.IL DE I\EVISION ET MOTIFS. 
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Après sa libération, il entra au service de Mme veuve Rivière, du village du Rozel, en Poilley, sa bienfaitrice.

Enfin, M. le Président aborde la journée du crime. 

L’accusé a quitté le domicile de sa patronne le dimanche matin pour aller à la messe à Ducey ; il est entré dans un débit et a parlé à plusieurs personnes, puis est rentré d’assez bonne heure au village du Rozel.  

le Président. — Vous aviez eu une difficulté avec la veuve Rivière au sujet d’eau-de-vie
— Oui  
— Vous lui reprochiez d’être bavarde ? 
— Oui.  
— C’est parce qu’elle disait que vous aviez une maladie de peau ?  
— Oui.  
— Depuis quand l’avez-vous ? 
— Depuis l’âge de 17 ans.  

Puis l’énumération des phases de cette mémorable journée continue. Aux questions de M. le  Président, Yger répond toujours : « Je ne savais pas ce que je faisais… j’étais ivre. » Puis vient la scène du crime.  

Yger était sorti en même temps que sa patronne ; lui allait soigner une jument et elle traire une vache ; le domestique rentra aussitôt dans la maison.  

— Pourquoi donc êtes-vous rentré si promptement ?
— !!!! 
— Vous aviez donc décidé de la tuer ?  
— !!! 
— Qu’avez-vous fait une fois rentré ?  
— !! 
— Vos cheveux devraient se hérisser à la pensée du crime que vous avez commis ; voyons, dites-nous un peu ce qui s’est passé… 
— Où êtes-vous allé ? 

Yger ne répond pas, baisse la tête et reste toujours les yeux fermés ; pas une larme, pas un remords ne vient se traduire sur sa figure, au récit du crime que fait M. le Président des assises, récit puisé dans les aveux de l’accusé devant M. le juge d’instruction d’Avranches ; il se contente de souligner les principaux passages d’un mouvement de tête ; il nie avoir changé de vêtement une fois son crime perpétré. 

M. le Président, implacable, le harcèle sans relâche de questions, tantôt relatives au crime, tantôt relatives aux consommations qu’il a absorbées dans le débit Primaux après le meurtre. 

Yger dit toujours avoir été en état d’ivresse. L’interrogatoire se poursuit sur toutes les circonstances du crime ; l’accusé dit ne se souvenir de rien ; il est debout et paraît dormir. 

Le débat continue serré et précis sur les antécédents héréditaires d’Yger. L’accusé parle un peu plus haut maintenant ; il est vrai que l’interrogatoire prend fin. 

Le Président des assises demande s’il est nécessaire d’ouvrir la caisse en bois qui se trouve sur les marches du prétoire. 
On n’a pas l’air d’y tenir. Me Maundrell dit :  » Ah ! à quoi bon ; la pauvre bonne femme est tuée… » et sur ces paroles l’audience est suspendue.  

Après vingt minutes d’absence, la cour rentre ; pendant ce temps, l’accusé a échangé quelques paroles avec les gendarmes, puis on procède à l’audition des témoins.  

1er témoin. — M. le docteur Béchet, d’Avranches, médecin légiste, fut appelé à faire l’autopsie du cadavre de la veuve Rivière.  
L’éminent praticien allait commencer ses explications, lorsqu’on crut utile d’ouvrir la fameuse malle en bois blanc. Un huissier s’approche, et de toute la vigueur de ses respectables biceps il cogne pour faire sauter le couvercle de cette sinistre boite ; un gendarme vient prêter main-forte, comme il est prescrit. 

Et voilà que l’on dépose sur une petite table une barre de fer, puis un petit paquet, et ensuite une énorme hache à bois. A la vue de cet instrument tranchant, l’auditoire est pris d’une vive sensation, et les yeux lancent de fulgurants éclairs dans la direction de l’accusé. 
Yger sent bien peser sur lui les regards du public et pour ne pas les rencontrer baisse les yeux et tourne la tête d’un autre côté. 

Cette petite variante terminée, le Docteur continue sa déposition, il décrit l’état du cadavre à son arrivée, et les détails de l’autopsie. Selon lui la veuve Rivière n’a été qu’assommée par le coup de barre de fer, elle n’a eu la gorge tranchée qu’un certain temps après, alors qu’elle n’était pas morte.  
Elle portait une quarantaine de blessures toutes exsangues, ayant été faites après la mort. Et les explications techniques continuent.  

Me Maundrell demande au Docteur si la mort a été foudroyante. 
Oui lorsque la veuve Rivière a eu la gorge tranchée, la mort a été des plus foudroyantes ; mais il se peut qu’elle n’ait été saignée que longtemps après avoir été assommée. 

2e témoin. — M. Victor Rivière, 43 ans, cultivateur à Poilley, village de Launay, est le fils de la victime. Le 2 mars, au matin, des voisins vinrent le prévenir que tout était fermé chez sa mère , il s’y rendit et fit briser un carreau de la fenêtre. C’est alors qu’il aperçut le triste spectacle ; M. Rivière fit aussitôt prévenir la justice, il raconte dans quel état se trouvait la maison le matin du 2 mars.  

Ma mère, dit-il, sur une question du Président, était venue le samedi chez nous et n’avait aucune crainte. Je savais qu’Yger devait la quitter au mois d’avril, ils avaient été sur le point de s’arranger mais il y avait cent sous à les tenir. Je n’ai jamais eu connaissance qu’ils aient eu des discussions sérieuses ; il devait savoir que ma mère avait de l’argent puisqu’il était avec moi lorsque j’ai vendu des bestiaux pour son compte. 
Yger était bon à sa mère, il avait bonne réputation, si on avait su qu’il aurait fait ce coup là on l’aurait expédié plus vite. 

— Il y a-t-il longtemps que votre mère habitait Poilley ? demande M Choisy faisant fonctions de ministère public.  
— Il y a 45 ans, c’est elle qui l’a reçu dans ses bras et l’a soigné tout petit.  
— Ses premières années ont été pénibles ? 
— Oui, il ne valait pas 2 sous comme il ne vaut pas 2 centimes aujourd’hui. Ne le renvoyez pas, car s’il revient, je le tue. 

Sur ce, M. Rivière regagne son banc en montrant le poing à l’accusé ; on sent combien son émotion est profonde.  

3e témoin. — Catherine Roussel, 12 ans, demeurant chez ses parents au village du Rozel, en Poilley, connaît Yger comme ayant habité le même village. Elle raconte la scène qui s’est produite entre elle et l’accusé le soir du crime. La jeune Roussel se trouvait au puits, à 36 mètres de la maison de Mme Rivière. Elle fit un bout de causette avec cette dernière qui ne tarda pas à regagner sa demeure. 

La veuve Rivière n’était pas aussitôt entrée que la jeune Roussel perçut un cri lugubre ; vite elle courut à la maison ; mais à son arrivée, Yger lui barra le chemin en disant : « Va-t-en, va-t-en, il n’y a rien ! » La petite eut peur et rentra chez elle ; il est vrai qu’à ce moment la nuit commençait à venir. Lorsque le père de la petite Roussel est rentré , il est allé frapper à la porte de sa voisine ; il n’eut pas de réponse et, loin de penser au  sombre drame qui venait de s’accomplir, iI passa outre .  

— Lorsque vous avez parlé à la veuve Rivière, était-ce avant qu’elle aille traire sa vache ou après ? demande M. l e Procureur.  
— C’était en revenant, j’ai entendu le cri peu d’instants après. 
— Accusé Yger, avez-vous entendu parler la veuve Rivière et la fille Roussel ? 
— Non.  

4e témoin. — Auguste Muriel, 44 ans, cultivateur au Rozel, fut un des premiers qui s’aperçut de l’anomalie qui existait le 2 mars chez la veuve Rivière, il prévint M. Rivière fils, puis M. Muriel fut chargé de briser un carreau et d’ouvrir la fenêtre ; il donne des détails sur le coup d’œil qui s’offrait lorsqu’il pénétra dans la maison du crime : spectacle terrifiant, il faut le répéter.  

« Yger, dit-il, n’était pas mal vu ; nous nous entraidions, et jamais il n’y eut un mot plus haut que l’autre…  » 

Me Maundrell demande à quelle distance demeure le fils Rivière de la maison du crime ? 
A un kilomètre et quelque chose. J’ai mis une demi-heure à faire le voyage.  

5e témoin. — François Primaux, débitant au V, connaît Yger depuis peu de temps, il est venu à son auberge le soir du crime, et y a pris quelques consommations avec des camarades. Il paraissait gai et rigolait, puis il partit vers huit heures et demie.  

Il était un peu émêché seulement, Yger dit qu’il était en état d’ivresse.  M. Primaux répond vaguement.  

6e témoin. — M. A. Deguette, 19 ans, cultivateur à Poilley, a bu avec Yger cher Mme Primaux, du bourg de Poilley, 2 bolées suivies d’un sou de café, les deux jeunes gens prirent chacun une « demoiselle », Yger n’était qu’un peu éméché, il était à ce moment 3 heures. 

7e témoin. — Alexandre Leveillé. 19 ans, du village du Rozel, a vu Yger à Ducey, vers 6 h. Le même jour il l’a revu vers 6 h. du soir, il n’était pas beaucoup pris de boisson, ils ont parlé ensemble. 
Yger ne se rappelle pas avoir vu son voisin. 

8e témoin. — Mlle Angèle Boudet, 17 ans, servante chez M. Primaux, a servi à Yger des consommations le soir du crime. 
Nullement ému, il rigolait, bref un peu éméché, mais de bonne humeur.  

— M. le Procureur donne lecture de la déposition de Mme Primaux devant le juge de paix, qui corrobore celles ci-dessus.  
Puis une déclaration de M. Pierre Domont, maire de Poilley.  

9e témoin. — M. Merdrignac gendarme à Ducey, donne des détails sur toutes les circonstances du crime et de l’arrestation de l’assassin.  
Détail typique : le gendarme affirme que l’assassin a déclaré, au moment de son incarcération, qu’il avait saigné la veuve Rivière après être rentré de chez M. Primaux.
La pauvre femme a dû râler pendant deux heures et plus, dans le coma et sans aucuns secours.  

10e témoin. — M. le Dr Lefrançois, médecin en chef de l’asile des aliénés de Pontorson, a examiné Yger au point de vue mental avec deux confrères. Le témoin a peu l’habitude de la parole.  
Sa déposition est longue, harcelée de questions techniques de la part de M. le Président et de  Me Maundrell défenseur. 
La question de l’alcoolisme des parents du prévenu est longuement débattue ainsi que celle de la responsabilité et du Congrès de Lausanne y relatif. 

M. Rivière fils parle dans l’auditoire ; il n’est pas content, et il y a de quoi ; l’avocat discute quelque temps avec M. le Président ; plusieurs jurés posent des questions, et se font remettre la fameuse lettre qu’Yger laissa sur la table une fois son crime accompli. 
M. Lefrançois déclare qu’ayant entretenu l’assassin de cette lettre, celui-ci aurait reconnu son écriture sans se souvenir de cette lettre !!! 

11e et dernier témoin. — C’est M. le Dr Névot, d’Avranches, qui clôt la série des témoins, il donne quelques détails sur les conclusions de son rapport qu’il maintient ; on discute sur l’état pathologique, physique, psychique, etc. du prévenu.  

Quand au degré de responsabilité !… le Docteur se récuse sur ce point. 

Suspension d’audience. 

Lorsque les témoins rentrent, ceux-ci veulent à tour de rôle frapper Yger, qui semble plongé dans le sommeil et que les gendarmes protègent. 

A la reprise de l’audience, Yger est interrogé relativement à ses vêtements ; l’accusé nie  en avoir changé, il n’avait que ceux-là, dit-il. 

Puis M. Choisy, ministère public, se lève et requiert longuement. Il pèse une à une les charges de l’accusation et combat toutes les hypothèses pouvant faire naître un doute dans l’esprit des jurés, quant à la responsabilité, puis termine en demandant la peine capitale.  

Me Maundrell se lève et fait appel à tout son talent pour sauver la tête de son client.
Il narre en quelques mots l’histoire contemporaine du bandit Lefort, aujourd’hui gracié par son ami et protecteur Armand Fallières, le père des assassins. 
Puisque le terrible gredin Lefort a été gracié, pourquoi condamner Yger à la peine de mort ? 
L’éloquent défenseur combat les rapports des docteurs et invoque une responsabilité fort atténuée . II retrace le cas de.. . Jeanne Weber et fait allusion aux 10 fr. d’amende qu’a récoltés Yger devant le Tribunal d’Avranches pour…contravention à la police des chemins de fer, puisque la justice ne perd jamais ses droits. 

L’accusé n’ajoute rien à la brillante plaidoirie de son défenseur. 

Voici les questions posées aux jurés :  

1er Fait principal. — Homicide. 

⁕ 1er circonstance aggravante : avec préméditation.  
⁕ 2eme Avec guet apens. 
⁕ 3eme Ayant été précédé ou suivi de vol.  

2e Fait principal. — Soustraction frauduleuse dans une circonstance aggravante, commise par un domestique (sic).  

3e Fait principal. — Tentative de soustraction frauduleuse n’ayant échoué que par suite de circonstances indépendantes de la volonté de son auteur. 

⁕ 1eme Circonstance aggravante, la nuit dans une maison habitée.  
⁕ 2eme Par un domestique (sic !) .  

Sur ce, le Jury se retire pour délibérer, puis revient avec un verdict affirmatif sur tous les points.  

Yger rentre et écoute immobile la lecture que fait le greffier, ainsi que les articles qui vont être appliqués par suite de la décision du Jury.  

Et c’est en baissant la tête, toujours impassible, qu’Yger s’entend  

CONDAMNER À MORT 

"CONDAMMÉ À MORT" : écrit en capitales et centré
L'Écho d'Oran : journal d'annonces légales 
ECHOS JUDICIAIRES 
CovtkEES. — La Cour d'assises a condamné 
domesti ue 
mort le nommé Yger. perb 
ui assassina le 1er mars d 
a veuve Rivière, sa patronne.
Même l’Écho d’Oran suit l’affaire

Septembre 1908, commutation de la peine 

Par décret du Président de la République, Armand Fallières, sa peine est commuée, le 15 septembre 1908, en travaux forcés à perpétuité. 

L’Avranchin du 26 septembre 1908 s’en fait écho : 

Poilley . — A propos du condamné, 

 — Les journaux commentent fort le retard apporté par le président de la République à gracier Yger. 
C’est en effet seulement le 13 septembre que la condamnation à mort a été commuée en travaux forcés à perpétuité. Depuis 6 mois 1/2 la commission des grâces avait eu le temps d’examiner le cas, d’autant plus que ses décisions considérées comme nulles rendent son fonctionnement inutile. Par ses lenteurs, le Président cause au budget un déficit appréciable, puisque deux hommes sont affectés nuit et jour à la garde de chaque condamné à mort.  
Yger a été transféré à Caen pour l’entérinement des lettres de grâce . 
De pâle qu’il était à la cour d’assises il est maintenant rosé. L’ordinaire de la prison lui a été avantageux, car il parait que son poids a augmenté.  

Embarqué en décembre 1908 sur le bateau La Loire, spécialisé dans ces transports, Jean-Baptiste Yger meurt 7 mois plus tard, le 14 juillet 1909 au bagne de la Guyane française . 

Fiche du bagnard Jean-Baptiste Yger

Les « À propos de « 

À propos des personnes citées

Armand Fallières
Armand Fallières, Président de la République de 1906 à 1913. Républicain, tendance gauche est opposé  à la peine capitale, il gracie les condamnés à mort pendant les premiers temps de son mandat. Comme on peut le deviner, le journal L’Avranchin se situe dans l’opposition. 

L’assassinat de la veuve Rivière a lieu dans un contexte politique particulier : 
…En 1906-1908 a lieu l’un des débats majeurs sur la question de la peine capitale. Un projet de loi abolitionniste est en effet déposé par Aristide Briand, Garde des Sceaux dans le Gouvernement Clemenceau. Mais son sort paraît vite compromis lorsque survient l’affaire Soleilland. Ce condamné à mort pour avoir violé et assassiné une petite fille est gracié par le Président Fallières, abolitionniste convaincu. Cette affaire et quelques autres faits divers font alors l’objet d’une vive campagne médiatique orchestrée notamment par Le Petit Parisien qui organise un référendum parmi ses lecteurs. L’opinion se montre très favorable au maintien de la peine capitale. Le débat à la Chambre des députés intervient donc dans une atmosphère tendue. Briand et Jaurès interviennent en faveur de l’abolition, Barrès se prononce lui contre le projet du Gouvernement. Celui-ci est d’ailleurs finalement rejeté par la Chambre. (Réf. site du Sénat, lien vers sénat )

François Lefort, journalier.
Une nuit de novembre 1907, il torture et brule sauvagement un homme de 75 ans à La Chaise-Baudouin pour le voler. L’homme mourra une semaine plus tard de ses blessures. Condamné à mort, Lefort est gracié le 23 mai 1908. (affaire jugée par le tribunal de Coutances) 

Jeanne Weber,
Tueuse en série sévissant notamment dans le quartier de la Goutte d’Or à Paris, elle est accusée du meurtre de six enfants, mais en a commis au moins deux de plus. Acquittée une première fois par manque de preuve, elle est de nouveau arrêtée en 1908 et internée. Elle meurt dix ans plus tard d’une pleurésie à l’asile. 

À propos de la misérable vie de Jean-Baptiste Yger

Né à Poilley environ trois ans après sa sœur Marie-Louis, Jean-Baptiste Yger est issu de parents ayant des problèmes d’alcoolisme. Six mois après sa naissance, sa mère devient veuve et laisse le petit garçon plus ou moins à l’abandon. Ce n’est que vers cinq ans  qu’il commence à parler et à marcher. Il est vraisemblable qu’il soit mis en famille d’accueil car c’est à Ducey qu’il va à l’école. Il y acquiert un niveau d’instruction général qualifié, lors de son service militaire, supérieur à la lecture et l’écriture.  

Entre août 1885 et septembre 1892, la veuve Yger vend, en son nom et au nom de ses deux enfants, l’ensemble de ses propriétés agricoles représentant globalement 14,6 hectares de terrain. Au moment de la dernière vente, elle cesse son activité. C’est la ruine totale.

Vers 1898, à 17 ans, débute ses problèmes de maladie de peau. Puis c’est le régiment, suivi du travail comme domestique et le renflouement des dettes de sa mère alcoolique. 

En 1908, l’assassinat de sa patronne fait basculer sa vie : condamnation à mort, commuée en  bagne à perpétuité se terminant par un laconique « décédé le 14 juillet 1909 ». 

Et, comble de malchance, ayant raté son suicide en s’allongeant sur les rails, il est condamné, par la police des chemins de fer, à une amende, mentionnée dans son dossier du bagne, !

Il aurait pu espérer mieux !

À propos des questions sans réponse

  1. Si le vol est le mobile du crime, pourquoi Yger est-il revenu s’acharner sur la victime deux heures après l’avoir assommée  ?
  2.  Si le vol est le mobile du crime, pourquoi Yger n’a-t-il pas volé la veuve Rivière à un moment où elle était absente ? Pourquoi revenir derrière elle dans la maison,  l’assommer et commettre le larcin ? 
  3. Pourquoi n’a-t-il pas fuit loin de la région avec l’argent volé ?  
  4. Qu’est-ce qu’il l’a poussé à revenir s’acharner sur sa victime après avoir été calmement au débit de boisson ?  
  5. Alors qu’il avoue son forfait, pourquoi ne reconnait-il pas avoir changé de pantalon ? d’avoir écrit sa lettre ?  

Hélas, ni l’enquête ni la cour d’assise n’ont su répondre à ces questions.

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