Le 11 novembre 2021, le dernier Compagnon de la Libération Hubert GERMAIN recevait un hommage national avant que son corps ne prenne place dans la crypte du mémorial de la France combattante du Mont Valérien. Hubert GERMAIN avait rejoint le Général de Gaulle en Angleterre en 1944, comme de nombreux français. Ce fut aussi le choix d’un jeune homme de notre canton : le commandant Bourdais.
Louis Paul Bourdais est né le 22 mai 1918 à la Croix du Bourg au Mesnil-Ozenne. Il est le fils de Charles Bourdais, serrurier mécanicien et de Pauline Armandine Jeanne Lebrun. Le couple vit à Paris, rue de Cronstadt, mais Pauline est revenue accoucher dans sa maison natale.
Cet enfant au regard mélancolique que la vie ne va pas épargner dès sa plus tendre enfance, a rendez-vous avec son destin…

Une enfance volée
Louis Paul BOURDAIS grandit dans l’affection de sa mère Pauline LEBRUN qui s’éteint prématurément, le 2 juillet 1926 à Vanves (Seine). Elle laisse derrière elle un enfant de huit ans dans la douleur.
Ce dernier ne reste pas avec son père qui ne tarde pas à se remarier le 26 février suivant à Paris. Louis est donc élevé en Normandie par sa tante Marie LEBRUN. Suite l’exploit de la traversée de l’Atlantique en avion de Charles Lindbergh en mai 1927, il va se tourner vers le ciel, rêvant d’aéronautisme.
Le certificat d’études en poche, Louis quitte le Mesnil-Ozenne et se retrouve laveur de bouteilles dans une succursale de Félix-Potin à Louviers, puis tente sa chance à Paris où il s’adonne à divers emplois : livreur en triporteur, sommelier ou plongeur de nuit dans un restaurant de luxe.
A 15 ans, Louis BOURDAIS passe son premier baptême de l’air au Bourget et paye ses heures de vol en nettoyant les avions du Touring Club de Buc. La passion le prend et il se rend à tous les meetings aériens. Il décide alors de passer son Certificat d’Aptitude Mécanicien Avion, ce qui lui ouvre la porte d’entrée dans l’Armée de l’Air. Il fait ses classes à Cazaux en 1937. Nommé rapidement caporal-chef, il n’hésite pas à se porter volontaire pour partir en Afrique Occidentale Française, à Dakar puis à Thiès (Sénégal) en tant que chef-magasinier.

Le refus d’obtempérer
A la déclaration de la guerre et suite au discours du maréchal Pétain radiodiffusé le 17 juin 1940 demandant aux français de cesser le combat et de se grouper autour du gouvernement qu’il préside, Louis BOURDAIS refuse la situation. Il décide, avec deux de ses camarades, CARTON et BERTRAND, de répondre à l’appel du général de Gaulle et de rejoindre les Forces Françaises Libres en Angleterre après quelques semaines de réflexion.
Dans la soirée du 15 juillet 1940, ils s’évadent de la base de Thiès, sans eau et sans nourriture, et gagnent la Gambie anglaise à 8h du matin le lendemain. Après la descente du fleuve Gambie en canoë, ils atteignent Koudingue dans la soirée, complètement exténués et sont recueillis par des indigènes qui leur offrent une case pour la nuit. Une crise de paludisme surprend les trois hommes. Le lendemain, le gouverneur de Haute-Gambie leur apporte des vivres et les emmène à Georgetown (Île Mac Carthy). Le 19 juillet, ils gagnent la rive droite de l’estuaire de la Gambie, face à Bathurst la capitale, et signent leur engagement auprès du colonel commandant des Forces britanniques en Gambie.
En route pour l’Angleterre
En août 1940, Louis BOURDAIS et ses deux camarades gagnent Freetown en Sierra-Leone et rencontrent le colonel Leclerc de Hautecloque en route pour la Gambie, qui les fait passer dans les Forces Françaises Libres. Le 4 septembre, ils embarquent sur le S/S ASKA pour la Grande-Bretagne.

Dans la nuit du 16 au 17 septembre 1940, à 2h30 du matin, entre l’île de Rathlin et Rock Maiden, le bateau est attaqué par un bombardier allemand et reçoit deux coups de bombes lourdes à proximité de la salle des machines. Une troisième bombe le frappe de plein fouet et les ordres d’abandonner le navire sont donnés. Le navire dérive à terre. Six officiers et six hommes sont tués. Louis BOURDAIS est blessé par un éclat au pied gauche et passe plusieurs heures dans l’eau. Il tente, avec un autre soldat, de soutenir un fantassin qui ne sait pas nager. Mais il est récupéré in extremis par un chasseur de sous-marin de la Royal Navy et débarque en Ecosse à Greenock où il est nommé sergent. Le 18 septembre, il signe à Londres son engagement définitif dans les Forces Françaises Libres. On lui remet le badge de membre des Forces aériennes de la France Libre. Il est le 88ème à avoir rejoint le Général de Gaulle. Puis il est renvoyé à Wellingborough en convalescence.

Ses états de service dans l’armée
Muté sur le COURBET à Portsmouth du 14 novembre au 14 décembre 1940.
Affecté à l’école franco-belge R.A.F. à Odiham le 14 décembre 1940.
Dirigé sur Camberley puis sur l’école des mécaniciens de Saint-Athan le 6 septembre 1941, il sort breveté Fitter 2 A le 4 novembre suivant.
Muté pour la formation du G.C. « Ile-de-France » à Turnhouse le 6 novembre.
Il fait campagne avec ce groupe jusqu’à la dissolution d’Airfield 145 à Peran-porth le 1er avril 1944. Il passe à Camberley puis à Liverpool pour effectuer un stage d’interprête technique à Roots Factory Liverpool maison Halifax du 4 au 17 avril 1944.
Affecté au Q.G. du 43ème groupe R.A.F. à Oxford du 2 mai au 10 novembre 1944.
Dirigé sur la France et embarqué à Newhaven le 12 novembre 1944.
Muté en Angleterre par avion et arrivé à Londres le 6 avril 1945.
Rejoint l’O.T.U. 80 à Ouston le 5 juillet 1945.
Muté et dirigé vers la France à la dissolution de l’O.T.U. 80 le 28 mars 1946.
Départ de Grande-Bretagne le 29 mars 1946.

Ce jugement a été annulé le 22 mars 1945.
Décorations et médailles
Insigne des blessés le 16 septembre 1940.
Croix de guerre1939-1945 avec étoile d’argent le 30 septembre 1945.
Médaille commémorative des services volontaires de la France Libre le 4 avril 1946.
Médaille de la Résistance le 24 avril 1946.
Médaille Militaire le 7 septembre 1948.
Engagé volontaire France Libre le 12 mai 1952.
Médaille du combattant volontaire de la résistance le 18 novembre 1954.
Croix du combattant volontaire 1939-1945 le 27 février 1957.
Chevalier de la Légion d’honneur 31 décembre 1961.
Médaille commémorative 1939-1945 avec agrafe Afrique Atlantique Grande-Bretagne.
Libération Médaille des campagnes pour la Libération.
Médaille des évadés British War Medal 1939-1345.
British Defence Medal 1939-1945.
Médaille du débarquement en Normandie.

à Hornechurch en septembre 1942.
Groupe de chasse « Île-de-France » de la RAF (FAFL).
Son retour au pays

Louis rencontre une jeune Anglaise combattante dans la Royal Air Force, Hazel SWAIN, et l’épouse le 29 mars 1942. Le couple va partager le reste de sa vie entre la France et l’Angleterre. En retraite, ils s’installent à Ducey pour quelques années, puis part habiter à Granville avant de se retirer en Angleterre.
Louis s’éteint le 20 octobre 2012. Attaché à sa Normandie natale et au village qui l’a vu naître, il rejoint son épouse décédée le 13 juillet 2009 et enterrée dans le cimetière du Mesnil-Ozenne et repose à ses côtés.
Merci pour ce bel article, bien documenté
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