Alphonse LENOIR, maire de Saint-Quentin-sur-le-Homme (2)

Vers première partie

Pour compléter la première partie, voici un récit de voyage écrit par Alphonse Lenoir et paru dans la Nouvelle Revue. Elle relate le transfert de parlementaires d’Alger à Constantine. Bonne lecture !

La caravane parlementaire

Alphonse Lenoir, les années 1900

En mai 1900, Alphonse Lenoir est élu au conseil municipal. C’est avec 10 voix sur douze qu’il est nommé maire, au premier tour de scrutin. François Legendre est son adjoint.

Legion_honneur_chevalierLe 9 octobre 1902, il est nommé chevalier de la Légion d’honneur. M. Benac, directeur du Mouvement Général des Fonds, au Ministère des Finances, officier de la Légion d’honneur, est son parrain.
Outre son domicile à L’Isle-Manière, Alphonse Lenoir habite également, Square Monceau, 82 Bld des Batignolles à Paris.
La note mettant en avant ses états de service pour l’obtention de la Légion d’honneur fait mention :

  • qu’il travaille dans la presse depuis 22 ans. Elle souligne en particulier sa collaboration à :
    L’Événement, La Liberté, Le Paris, Le Soir, Le Jour, Le Figaro, La Nouvelle Revue, L’Écho de Paris, Le Journal, Le Radical, Le Rappel.
  • qu’il est le créateur du Journal des Agriculteurs de la Manche qu’il a dirigé pendant deux ans.
  • qu’au titre d’agent général de publicité auprès du Ministère des Finances depuis 1891, il a organisé et effectué la publicité concernant divers emprunts.
  • qu’il est également l’agent général pour la publicité de la Banque de France.
  • qu’il est maire de Saint-Quentin, arrondissement d’Avranches
  • qu’il est actif au sein des différentes structures agricoles (mentionnées lors de son installation au domaine de l’Isle-Manière).

legion_honneur_JO_10_10_1902

En mai 1904, il est réélu au conseil municipal, mais en neuvième position (sur douze). Il conserve cependant son poste de maire avec onze voix sur douze.

Legion_honneur_officierEn mars 1907, Alphonse Lenoir est fait officier de la Légion d’honneur. Henri Guernaut, officier de la Légion d’honneur, directeur du Mouvement des Fonds au Ministère des Finances est son parrain.

Dans son dossier, il est noté : Comme en 1902, M. Lenoir appartient à la rédaction du « Rappel » et du « Radical ». Il collabore aux journaux « Le Journal », « l’Écho de Paris » et « l’Aurore ».
Les opérations de publicité nouvelles intéressant l’État auxquelles M. Lenoir a participé depuis 1902 sont les suivants : Emprunt de l’Afrique occidentale en 1903 et Emprunt de l’Indo-Chine en 1905.
Le dossier est signé : Le ministre des Finances : J. Caillaux
Pour son dossier, Alphonse Lenoir indique qu’il est domicilié au 146, rue de Longchamp, à Paris.

Joseph Caillaux (1863 – 1944) est un homme politique né au Mans et député de la Sarthe. Plusieurs fois ministre, il est président du Conseil en 1911. Chef du parti radical avant la guerre de 1914 – 1918, il se trouve au centre de passions nationales politiques violentes. Durement attaqué dans les colonnes du Figaro par Gaston Calmette, directeur du journal, Mme Caillaux tue le journaliste, assassinat dont elle est acquittée en 1914.
Accusé par Clémenceau d’intelligence avec l’Allemagne, Joseph Caillaux est condamné à trois ans de prison et à la privation de ses droits politiques par la Haute-Cour en 1920. Amnistié en 1924, il redevient député, puis sénateur et ministre des Finances, en 1925.

Remarque à propos de l’attribution de la Légion d’honneur à Alphonse Lenoir
En 1921 Joseph Caillaux publie Devant l’Histoire, Mes Prisons, livre où il raconte et explique ses années difficiles au sein des plus hautes instances politiques. On y relève en particulier les circonstances de l’attribution de la rosette de la Légion d’Honneur à Alphonse Lenoir.

La première personne qui me parla d’Alphonse Lenoir, dont auparavant j’avais seulement entendu prononcer le nom, fut M. Poincaré. J’étais, en novembre 1906, dans le cabinet du ministre des Finances au Louvre, dont j’allais reprendre possession et que M. Poincaré s’apprêtait à quitter.
En me transmettant les services, mon prédécesseur m’indiqua, selon l’usage, le nombre et la nature des croix de la Légion d’honneur qui, attribuées au ministère des Finances, n’avaient pas encore été décernées. « Il y a, me dit-il, une croix d’officier de la Légion d’honneur disponible. Elle vient du ministère de la Guerre. M. Etienne l’a prélevée sur le contingent des croix civiles ; il me l’a passée pour que je la donne au mois de janvier prochain à M. Lenoir, le courtier de publicité du ministère des Finances.
– M. Lenoir officier de la Légion d’honneur? fis-je, alors qu’il y a des directeurs généraux qui n’ont pas la rosette.
– Vous agirez comme vous l’entendrez, répliqua M. Poincaré. Je veux simplement vous indiquer qu’il vous faudra retourner la croix au ministère de la Guerre, ou lui donner la destination que M. Etienne a spécifiée. D’ailleurs, ajouta-t-il en souriant, je crois que vous aurez quelque peine à vous dérober, car c’est à la demande de votre président du Conseil, M. Clemenceau, que M. Etienne a consenti en faveur de M. Lenoir le sacrifice d’une des croix destinée à récompenser les services rendus par des civils à la défense nationale. »
Des tiraillements, des difficultés qui faillirent être sérieuses sur ce sujet. Je refusai obstinément de faire figurer le nom de M. Lenoir dans la promotion des croix du ministère des Finances du mois de janvier 1907. Je consentis seulement, pour des raisons que chacun devine, à attribuer la rosette à celui auquel elle était destinée par un décret spécial, que je fis signer en Conseil des ministres, où j’indiquai que la croix avait été remise avec une affectation déterminée à mon prédécesseur qui avait accepté la transmission.
Alphonse Lenoir se comporta en homme d’esprit. II vint me remercier. Sa gratitude aurait du s’épancher dans un autre cabinet ministériel où il se vantait, en un langage grossier qu’il ne dédaignait pas, de pénétrer aussi facilement que dans un édicule des boulevards.
A partir de cette date, mars 1907, et tant que je fus au gouvernement, je reçus fréquemment M. Lenoir dont j’eus l’occasion d’apprécier grandement les services. Il informait précieusement des mouvements du marché, des possibilités de placement des valeurs du Trésor…

et plus loin, à propos de la cravate de commandeur :

… Nos rapports fraîchirent à partir de 1914. Lenoir m’avait fait demander la cravate de commandeur de la Légion d’honneur à la fin de 1913, quand je repris pour la quatrième fois la direction des services du ministère des Finances. J’avais répondu, avec quelque rudesse, que je n’aimais pas les plaisanteries de mauvais goût. C’est sans doute à la déconvenue que subit Lenoir qu’il faut attribuer les propos amers qu’il eut sur mon compte depuis cette date et dont certains fragments de ses Mémoires pendant la guerre, publiés par le Cri de Paris, portent trace…

1905, Le château de Bruyères-Le-Châtel

C’est fortuitement qu’une recherche « internet » a permis de retrouver une autre propriété d’Alphonse Lenoir.
En 1913, le Bulletin de Agriculteurs de France publie la liste de ses adhérents. On y lit, en particulier, ces quelques lignes concernant un Alphonse Lenoir propriétaire du château de Bruyères-le-Châtel, (Essonne, anciennement Seine-et-Oise).

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La seconde adresse relevée dans ces lignes, 9, rue Louis-David, Paris XVI ème, correspond à celle donnée par Alphonse Lenoir, en 1910, à la Société d’Archéologie de Littérature, Sciences et Arts d’Avranches et de Mortain.
La Revue de la Manche, (volume 44, N° 173 à 176, 2002), relatant brièvement la vie d’Alphonse Lenoir, confirme l’information :

…il était également châtelain de Bruyères-le-Châtel (Essonne)…

Malheureusement, nous n’avons que très peu de renseignements sur la vie d’Alphonse Lenoir à Bruyères-le-Châtel. Une brève note concernant cette période a bien était réalisée dernièrement, sur un site internet, mais l’auteur, contacté par nos soins, reconnaît n’avoir aucune autre information sur la famille Lenoir.

« Les Lenoir achètent le château en 1905 aux héritiers d’Eugène Lefaucheux et en restent propriétaires pendant sept ans, le revendant en 1912 à M. et Mme Dupont.
Au cours de ces années, M et Mme Lenoir rédigent une notice sur les différents propriètaires et origines du domaine au cours des siècles, sans aucun doute en utilisant les archives une première fois dépouillée par leur prédécesseur.
Ils restaurent la chapelle et font construire un péristyle à colonnes devant le corps du logis. »
(Réf : site internet http://amie.vieux.bruyeres.pagesperso-orange.fr/index_fichiers/Page1083.htm)

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La notice dont il est fait mention ci-dessus, a fait l’objet d’une publication par son auteur : Bruyères-le-Châtel, notes historiques, 1070-1912, Alphonse Lenoir, (H. Floury, 1912, 4 pages)

Appel aux lecteurs :
Toute information complémentaire sur la vie d’Alphonse Lenoir dans ce château est donc la bienvenue !

1908, mariage de son fils, Pierre Lenoir

Le 27 mai 1908, Pierre épouse Suzanne Augusta Flersheim. La célébration a lieu dans le XVIème arrondissement de Paris. De nombreuses personnalités sont présentes.
Suzanne Flersheim, née le 16 novembre 1887 à Paris est la fille mineure de Fritz Flersheim, décédé, et de Louise Sée.

Les Flersheim
Fritz Flersheim, est né à Francfort. Il est banquier notamment à la Banque franco-égyptienne, à la Banque françaises des colonies et à la Banque Internationale de Paris. C’est le liquidateur, en 1893 de la Société de San-Lorenzo (Mexique) et l’administrateur, à partir de 1902, de la Banque spéciale des valeurs industrielles. Il décède en juin 1907. (réf : site http://www.entreprises-coloniales.fr)
Il se marie en 1884, à Paris, avec Louise Sée, née à Strasbourg. Cette dernière mourra en déportation à Auschwitz en 1944. Une inscription sur le tombeau familiale des Flersheim, au Père Lachaise, commémore son souvenir.
Le frère de Suzanne, Georges, son témoin lors du mariage, est « mort pour la France » le 14 août 1915, à Woesten en Belgique, suite à des blessures de guerre.
Du journal Le Temps n° 19795 :
« On annonce la mort glorieuse, à l’âge de trente ans, du lieutenant d’artillerie Georges FLERSHEIM, tué au cours d’expériences (essai d’un canon de son invention) à Wippe-Cabaret (Belgique).
Ingénieur très distingué et du plus bel avenir, il était l’inventeur d’un lance-bombes très remarquable adopté par l’armée »
Une sœur de Suzanne, Jacqueline, se marie en 1922 avec Jacques Legueu, ingénieur des poudres.

Comme témoins au mariage, outre Georges Flersheim, sont cités :

  • MARTEAU Marius, 59 ans, sous-directeur de l’agence départementale du Crédit Lyonnais, à Neuilly/Seine, oncle de l’épouse (rappel : à Triel, en 1886, une jeune femme, Jeanne Marteau, une parente vivait sous le même toit qu’Alphonse Lenoir et sa femme)
  • CLÉMENCEAU Michel, 34 ans, ingénieur civil à Paris (fils de Georges Clémenceau, président du Conseil de 1906 à 1909, puis de 1917 à 1920)
  • GOUCHAUX Charles, 66 ans, sans profession

Les journaux relatent l’événement.

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De ce mariage naît le 5 décembre 1908, une petite fille Nicole Suzanne Marguerite Lenoir. Elle se marie en 1930 et décède à Entrevaux (Alpes de Haute-Provence) en 1986.
Faisant, certainement, suite au destin tragique de son père Pierre Lenoir, et par ordonnance du Tribunal civil de la Seine, le nom de sa mère Flersheim est substitué à celui de Lenoir en janvier 1923.
Nous retrouverons ultérieurement cette triste fin de Pierre Lenoir.

Le couple Pierre Lenoir / Suzanne Flersheim divorce en février 1913.

Le maire de Saint-Quentin-sur-le-Homme

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Bien qu’il ait des occupations nationales et internationales, le maire Alphonse Lenoir est souvent présent lors des séances du conseil municipal. Ses dons lors des fêtes et le creusement du puits devant la mairie (voir article Le puits) semblent indiquer qu’il est attaché à la commune et à ses habitants.
Ses réélections au conseil, même lorsqu’il n’est plus candidat, témoignent du soutien des habitants à leur maire. Cependant, il n’est jamais élu en tête du scrutin. Peut-être cela s’explique-t-il par trois faits qui viennent heurter le milieu catholique de la petite commune. Ils sont relatés par l’abbé Cudeloup dans sa Monographie de Saint-Quentin.

Il y a d’abord l’état d’abandon de la chapelle Saint-Jean du château de l’Isle-Manière :

…Sous M. Lenoir, devenu propriétaire à son tour, la chapelle fut complètement abandonnée ; le mobilier fut dispersé, les vitraux et les fenêtres furent enlevés, la pluie s’infiltra dans les murs, au point que la chapelle Saint-Jean, tombée dans un état des plus lamentables, est destinée à disparaître bientôt…

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Puis, les difficultés rencontrées pour la construction du presbytère :

A Ia mort de M. Basnel, (curé de St-Quentin), en 1898, les paroissiens avaient charrié pierres, chaux et sable pour le presbytère. Le travail était commencé. Le premier pavillon au levant était construit, mais le projet était encore dans les bureaux de la préfecture, et même il ne fut pas accepté tel que l’architecte, de concert avec le maire (M. Dupont) et le curé, l’avaient préparé. La préfecture retranchait les pavillons et n’admettait qu’un corps de bâtiment avec un étage, élevé sur les murs de l’ancien presbytère.
M. Jennequin, né à Ponts, nommé curé, arriva à Saint-Quentin sur ces entrefaites, et au milieu de ce désarroi suscité par la non approbation de la préfecture. Le nouveau curé fut contraint de loger dans une boulangerie. Toutes sortes de difficultés et de paperasseries s’élevèrent à propos de ce projet et de cette reconstruction de presbytère.
Ce n’était pas encore la séparation de L’Eglise et de l’État, mais le temps des escarmouches qui annonçaient des temps nouveaux et particulièrement orageux. Une politique tracassière et franc-maçonnique ne parvenait pas à se dissimuler complètement, malgré les quelques marques plutôt extérieures de déférence et de respect que l’on voulait encore accorder au clergé. La lutte était en perspective. Elle éclata assez vive et serrée entre M. Jennequin et M. Lenoir (nouveau maire, en 1900). Loin de se renfermer dans le silence et l’inaction, le curé ne se déroba pas à la lutte. Au contraire, il remplit sa tâche avec toute la ferme indépendance d’un petit curé de campagne, et l’adversaire comprit qu’il fallait compter avec ce curé-là.

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Ensuite, il y a la période très difficile des inventaires, suite à la séparation des biens de l’Église et de l’État (loi de décembre 1905) :

L’année des inventaires fut terrible pour nos églises. A Saint-Quentin, la porte de l’église fut défoncée. La loi de séparation enlevait à l’église toutes ses ressources. Par suite de cet état de choses, le vicaire reçut une autre destination.
L’abbé Jennequin se fit à cette situation.

Le vicaire de Saint-Quentin relate le fait :

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L’affaire du bureau de Poste

L’établissement et le maintien du bureau de Postes et Télégraphes au village de Fougerolles ont certainement irrité les habitants de Saint-Quentin. L’Administration souhaite le déplacer pour l’installer au plus près de la population. Mais le conseil municipal soutient le maire dans ses décisions de statu quo.
Le compte-rendu d’une réunion en mai 1907 relate les faits

… Monsieur le Maire donne lecture au Conseil de la réclamation écrite d’un grand nombre de commerçants de la commune protestant contre le déplacement éventuel du Bureau de Postes et Télégraphes.
Les dits commerçants, tous principaux expéditeurs de dépêches télégraphiques, font observer le grave inconvénient qui résulterait pour eux de l’éloignement du Bureau de télégraphes du centre de Fougerolles, où se trouvent réunis tous les commerçants ayant d’importants courriers et échanges de dépêches quotidiennes aux quels s’ajoutent les voyageurs à l’arrivée et au départ des deux gares de Pontaubault situées en face du Bureau.
Le Conseil donne acte de cette réclamation, s’y associe absolument, et charge Monsieur le Maire d’agir d’urgence auprès de l’Administration des Postes et Télégraphes pour que le statu quo soit maintenu en ce qui concerne l’emplacement du Bureau de Postes et Télégraphes actuel, qui ne peut être mieux situé pour la commodité des principaux expéditeurs de dépêches de la commune…

Le maire, Alphonse Lenoir, est également chargé d’agir pour le rétablissement du courrier de 3 heures 24 qui permettait jusqu’alors de répondre dans la soirée.
Le Conseil déplore également l’éloignement prolongé du facteur receveur de son bureau à cause de la réorganisation des tournées.

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Le bureau, situé à Fougerolles, est tout près du château de l’Isle-Manière et à proximité de la gare de Pontaubault. Si cela est un avantage indéniable pour Alphonse Lenoir et quelques autres commerçants importants installés près de la voie ferrée, c’est sûrement un grand désavantage pour les autres habitants de cette commune tout en longueur. Géographiquement le bourg est distant d’au moins deux kilomètres et demi et le village le plus éloigné est, au moins, à six kilomètres.

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Les démarches d’Alphonse Lenoir auprès de l’Administration ont été fructueuses pour lui car le Bureau de postes restera à son emplacement, près de la gare, pendant tout son séjour à Saint-Quentin.

Mais, en 1913, Alphonse Lenoir n’habite plus le château et le Conseil municipal souhaite vivement le retour du bureau dans le bourg. L’Administration postale fait à ce moment-là des difficultés. Les journaux en font l’écho.

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Finalement, l’Administration transférera le bureau de postes au bourg de Saint-Quentin.

Le départ de Saint-Quentin

L’année de la démission d’Alphonse Lenoir de son mandat de maire, en 1910, paraît dans le journal Le Matin une annonce concernant trois villas à Triel-sur-Seine :

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Cette annonce, unique pour la location des trois villas, semble indique qu’Alphonse Lenoir en est toujours propriétaire, il n’y a pas eu de division de lot lors d’une vente.

Toujours en 1910, Alphonse Lenoir cesse son activité équestre. Dès août , aux courses d’Avranches, c’est sous les couleurs de son fils, Pierre Lenoir, propriétaire, que des trotteurs sont alignés au départ : Miss-Heigell, Spring -Weat, Hélione, Généreuse…

En octobre, a lieu la vente aux enchères de toute son écurie : 38 poulinières poulains et pouliches !

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Il semble bien que désormais Alphonse Lenoir se tourne vers le chantier de la future villa Primavera au Cap d’Aïl.

En février 1913

Le divorce est prononcé entre Pierre Lenoir et Suzanne Flersheim.

Vente du château de l’Isle-Manière

C’est également en février 1913 que le domaine est vendu à Léon Cherpitel, capitaine dans les Dragons et époux de Julie-Jeanne Lebey, fille d’Édouard Lebey.

Édouard Lebey (1850-1922), publicitaire français, est, de 1879 à 1900, un des directeurs de l’agence Havas. Il connaît Alphonse Lenoir puisque ce dernier a également travaillé dans cette agence.
Comme Alphonse Lenoir, Édouard Lebey soutient la vente des emprunts russes et fait savoir à la Russie qu’il est prêt à confondre les deux activités, information et publicité, afin de mieux convaincre les Français de souscrire : « l’agence Havas peut obtenir ce résultat non seulement par la publicité payante mais aussi par ses dépêches qui sont reproduites par tous les journaux, et qui, dans les circonstances actuelles, peuvent favoriser grandement l’entente franco-russe » (Michael B. Palmer, Des petits journaux aux grandes agences, Aubier, 1983, page 132). En outre, Henry Poidatz, autre journaliste financier, se serait associé à Édouard Lebey et à Alphonse Lenoir pour étendre son influence (Le Temps des Médias, D. Pinsolle, 2012)

En septembre 1913, les activités agricoles du domaine de l’Isle-Manière sont séparées du château. Les bovins sont vendus et la ferme est mise en location.

Après vingt ans passés sur les rivages verdoyants de la baie du Mont Saint-Michel, Alphonse Lenoir quitte Saint-Quentin.
Pourquoi ce départ ? Plusieurs raisons peuvent être envisagées. D’abord, il y a son âge. À 60ans, il peut souhaiter ne s’occuper que de son activité de publiciste, sous le soleil de la Méditerranée.
D’autre part, il a toujours considéré le château de l’Isle-Manière comme n’ayant aucun style défini. La Villa Primavera qu’il se fait construire au Cap d’Aïl est certainement conçue selon ses souhaits et représente mieux sa position sociale que ce château isolé dans le Sud-Manche.
Ensuite, bien que près de la voie ferrée, Saint-Quentin, monde rural, est loin de Paris, loin de ses amis et confrères. Or, la Côte d’Azur est le lieu en vogue des plus fortunés, des riches étrangers. C’est là que se traitent les affaires importantes.

Mais, si on peut saisir les raisons de son départ, il est plus difficile d’expliquer sa venue au domaine de l’Isle-Manière car toutes les suppositions avancées précédemment vont à l’encontre de ce choix.

Peut-être que, tout simplement, Alphonse Lenoir aimait la vie rurale.

À suivre (3) 

4 commentaires sur “Alphonse LENOIR, maire de Saint-Quentin-sur-le-Homme (2)

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  1. Alphonse Lenoir avait été élève du collège d’Avranches (« Revue de l’Avranchin », n° 2, 1888, p.266), ce qui peut expliquer son intérêt pour la région.

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