S’il est une personne à laquelle l’Histothèque Jean Vitel souhaite rendre hommage,
c’est bien le photographe Charles PATARIN, auteur des précieuses cartes postales et
de cartes photos illustrant le canton de Ducey entre 1924 et 1936. Il a immortalisé sur
le papier photographique les évènements importants de nos communes mais également les hommes et les femmes qui ont posé le temps d’un instant devant son appareil photographique. Une mine d’or pour les passionnés d’histoire locale …
Charles PATARIN, un homme discret
Charles Patarin est né le 14 juin 1895 à Paris dans le VIIème arrondissement. Il est le fils d’un photographe Jean Charles PATARIN et de Valentine, Emma CHALAMET. A une date inconnue, ses parents quittent Paris pour Mamers. Charles est d’abord enseignant avant de se consacrer à la photographie. Son père possède alors un magasin à Chateau-du-Loir.
Le 8 août 1916, il se marie avec Jeanne Marie Joséphine KNOLL, une institutrice originaire de Pont-de-Gennes, de 7 ans son aînée. Elle est la fille de François Joseph KNOLL, 45 ans, agent des contributions indirectes, domicilié à Pont-de-Gennes, canton de Montfort et de Marie MOUTOT âgée de 35 ans.
Le couple est domicilié, dans un premier temps, à Vaast où naît leur premier enfant Renée le 6 juillet 1917. Puis, il emménage à Château-du-Loir en 1918 où Jeanne accouche le 30 décembre 1918 d’un garçon prénommé Jean.
D’après le registre des recensements de Château-du-Loir de 1921, Charles est mécanicien et domicilié Rue Nationale. Son épouse est institutrice.
Son arrivée à Ducey
La famille PATARIN se retrouve en 1923, dans le département de la Manche, à Hudimesnil et Briqueville-sur-mer, les villages où est mutée Jeanne. En octobre, elle est institutrice au Mesnil-Thébault. L’année suivante, la famille s’installe à Ducey, à proximité des villages dans lesquels Jeanne prend le poste d’enseignante. Elle enseigne en 1924 à Saint-Laurent-de-Terregatte et le restera jusqu’en 1931. Les enfants sont scolarisés à Ducey. Charles participe à un concours de tir organisé dans la commune. Il fait partie des quelques habitants possédant une voiture dans la commune.
Charles ouvre dans la Rue du Génie de Ducey, un magasin doté d’une vitrine dans laquelle il expose ses travaux photographies et ses cartes postales.
Il photographie ici Renée avec son frère Jean posant avec la Torpédo devant son magasin. Il vendra sa voiture en 1927 comme l’indique une annonce parue dans le Ouest Eclair du 11 septembre 1927 : « A vendre Torpedo 4 places, 7 chevaux, révision prouvée par facture, demi-taxe, Mongodeaux, técalemit, compteur outillage, 4 000 frs. Essai à volonté. Patarin, Ducey ».
Les nombreuses photographies de ses enfants et la présence d’une poupée au volant de son véhicule révèlent un père très attaché et attentif à ses derniers.
Charles s’implique dans la vie de la commune en photographiant les évènements marquants, il développe des cartes postales du canton et donne des cours de violons. On le retrouve également dans un orchestre local.
A la mort du pharmacien Charles CASPAR en 1925, sa veuve revend la maison du bourg où se situait la pharmacie, au n°27 de la Grande Rue à Charles PATARIN qui y installe son magasin.
Le drame
Mais la mort accidentelle de Renée, la fille de Charles et de Jeanne survenue à Saint-Jean-le-Thomas en 1930, va bouleverser profondément la famille PATARIN. La fillette de treize ans, au regard rêveur et aux yeux clairs que l’on peut deviner sur les photos, est enterrée dans le petit cimetière de Saint-Jean-le-Thomas. La famille est anéantie. Son frère Jean ne touchera plus jamais à un violon. La santé de Jeanne KNOLL décline mais elle continue à enseigner dans les communes voisines. Elle est d’ailleurs mutée Marcilly en 1931.
Jean poursuit sa scolarité à l’école communale des garçons de Ducey. Il est reçu le premier du canton.
Le 10 juin 1932, leOuest Eclair publie un article sur la nomination quelque peu mouvementée de Mme Patarin à la direction de l’Ecole publique des filles de Saint-Aubin-de-Terregatte.
Elle y enseigne jusqu’en 1936 et en juin elle est mutée sur la côte, à Hudimesnil.
Les PATARIN quittent Ducey pour Bréhal
La famille s’installe à Bréhal. Jeanne est bien fragile depuis le décès de sa fille. Son salaire d’enseignante ne suffisant plus à régler les frais de médecins et de soins, Charles va multiplier l’ouverture de magasins sur la côte. De plus, il réalise des photos pour illustrer les articles de presse du Ouest Eclair, et ce, jusqu’en 1938.
Il a un magasin à Saint-Martin-de-Bréhal, en retrait de la plage près d’un kiosque. Il fait développer ses photos à Saint-Pair.Charles participe à la vie locale. Il est cité comme secrétaire de la fanfare de BREHAL et Jeanne est nommée ensuite à Briqueville-sur-Mer.
Le 16 janvier 1937, la presse nous apprend qu’elle est nommée à Saint-Georges-de-Rouelley. Elle termine sa carrière à Bréhal et prend sa retraite en juillet 1941.
Epilogue
Le couple PATARIN va finir par se séparer. En 1944, Jeanne est domiciliée à la Couperie à Saint-Pair, puis elle se retire en 1946, au Mans où vivait une de ses amies enseignantes. Elle décède à Vaas près du Mans le 26 janvier 1960.
Charles PATARIN reste sur Saint-Pair et décède à l’hôpital de Granville dans les années 1970. Il repose en toute discrétion à Saint-Jean-le-Thomas aux côtés de sa fille, dans le petit cimetière. Aucun nom n’est indiqué sur la tombe.
Un grand merci monsieur PATARIN !!!
Note de l’Histothèque Jean Vitel :
Nous remercions son petit fils Robert PATARIN, qui nous a apporté de précieux renseignements sur son grand-père et de magnifiques photographies familiales.